Les grès de Fontainebleau

Le 26/01/2010 par Bériard Janou

A propos de Rochers de Fontainebleau

« La Dame Jeanne » … l’Everest de Bleau…

« L’Eléphant » … il n’a que trois pattes et a perdu une oreille…

« Le Bas Cuvier » … Le temple pour les seigneurs du graton…

« Le Rocher des Demoiselles »….. Luxe, calme et volupté…Véritable carte du tendre !

Nous sommes bien dans le massif de Fontainebleau, avec les cafistes aubois qui, depuis plus de cinquante ans, escaladent ou contournent ces rochers aux noms pittoresques.

Que savons-nous sur cet Himalaya de rochers situés dans le Bassin Parisien, lequel est le centre d’une grande cuvette bordée par des massifs anciens où le granite abonde : Ardennes, Vosges, Morvan et Massif Central, ainsi que par le Massif Armoricain  ?

Remontons le temps :

Pendant des millions d’années, cette cuvette fut occupée par la mer alpine, dans laquelle se sont accumulés en couches superposées, les sédiments arrachés aux roches anciennes, transportées par les eaux et déposés comme des assiettes empilées.

A l’ère tertiaire, il y a environ 35 millions d’années, dans la mer alpine s’amorce le soulèvement des Alpes qui va faire basculer cette cuvette et modifier les contours de la mer.

• La bordure Est de la cuvette se soulève et, soumise à l’érosion, vont apparaître des auréoles très visibles sur une carte géologique.

• La partie centrale de la cuvette s’affaisse et le Bassin Parisien devient alors le fond d’un « vaste golfe » alimenté par une mer venant du Nord et non plus du géosynclinal alpin.

• Dans ce golfe ainsi formé, la mer avance (transgression) et recule (régression) en déposant des sédiments variés, marins et lagunaires.

• An cours de la dernière invasion marine un dépôt de « marnes à huîtres », imperméable, va arrêter les eaux d’infiltration qui plus tard alimenteront nappe aquifère et puits artésiens parisiens.

A la fin de l’ère Tertiaire :

• La mer se retire vers le Nord et un climat chaud plus ou moins désertique s’installe.

• Les sables transportés par les cours d’eau se déposent en bordure ainsi que des organismes riches en silice. Ils sont remaniés par le vent, formant des dunes orientées N.W./S.E..

• Entre ces « cordons de dunes », persistent des chenaux en relation avec la mer restée proche et dans lesquels une couche d’argile se dépose.

Pourquoi aujourd’hui dans ces même zones ces blocs de grés alignés N.W./S.E. ?

Parmi les nombreuses hypothèses, nous retiendrons la « théorie dunaire »

Les eaux des chenaux, arrêtées dans la partie inférieure par les marnes citées plus haut, pénètrent latéralement dans les sables dunaires, et y circulent lentement en dissolvant notamment la silice des restes d’animaux contenus dans ces sables.

Sous l’influence de ce climat chaud l’eau remonte vers les sommets des dunes où elle s’évapore en abandonnant la silice qui soude les grains de sable, donnant lentilles et blocs de grés qui, dégagés des sables par l’érosion, vont basculer en donnant ces chaos dont l’alignement correspond à celui des dunes.

Cette théorie s’appuie sur certaines observations :

• Les grains de silice examinés au microscope électronique, sont pour la plupart ronds et mats, signe d’une usure par l’eau et le vent.

• D’autres ont des faces de cristaux (Quartz), signe d’une assimilation lors de leur « cimentation »

• Suivant l’efficacité de cette « cimentation », les grés sont soit grossiers à cassure peu franche, soit très durs à cassure brillante. Sous le marteau du grimpeur les premiers résonneront « paf », et les seconds « pif »

• La coïncidence entre les alignements dunaires répertoriés par les géologues et les affleurements des grés observés aujourd’hui.

En Conclusion :

Le sable de Fontainebleau est une roche siliceuse détritique d’origine marine, remaniée par le vent, et qui par « cimentation » a donné les grés.

Janou Bériard