Carnet de route

Été indien dans la Drôme
Le 26/01/2016 par Elisabeth DARD
A peine arrivés, nous avons essuyé une pluie sévère, qui gâta notre visite du marché local de Buis-les-Baronnies, pourtant si attractif. Mais cela permit à nos deux cyclistes migrateurs, qui s’étaient posés près d’une mare, d’intégrer la communauté des gens du voyage…
Nous étions vingt cafistes à vouloir, dès le lendemain, nous égayer dans la nature. Cinq vaillants grimpeurs prirent d’assaut les voies prestigieuses du rocher St-Julien. Du 4, du 5, du 6 ! Mais où s’arrêteront-ils ? Féru de Via Ferrata, Claude, qui bénéficiait d’une protection rapprochée, franchit précautionneusement un pont népalais vertigineux, forçant l’admiration de ses compagnons. Pierre nous gratifiait chaque soir d’un commentaire enthousiaste, mais lapidaire (grimpeur oblige), provoquant le rire de l’assistance.
Les randonneurs n’étaient pas en reste .Un premier col franchi, et ce fut l’enchantement : De la vallée nappée de brumes matinales émergeaient des plissements ensoleillés. On s’attarda dans les venelles du village de Sainte-Jalle avant d’entamer, tous, la longue marche jusqu’au promontoire de Rochebrune. En chemin, nous avons rencontré des animaux heureux : de gros cochons alanguis par la chaleur exceptionnelle, s’en allaient boire à la rivière ; des moutons gambadaient dans les prés encore verts sur fond de marnes noires. La vie des gens semble plus rude et le pays ne manque pas de relief : Il faut s’occuper des vignes, tailler les abricotiers et ramasser les olives. Pour nous, en cet automne, quel festival de couleurs ! Les plus endurants ont, bien sûr, fait durer le plaisir, sous la houlette de Louison qui allongeait les parcours. Les descentes parmi les roches saillantes furent parfois délicates.
Janou, comme toujours, nous avait concocté un programme culturel : de vieux villages en pierre ocre, de bien curieuses chapelles : comme celle de Pierrelongue, perchée sur un piton, dont la rampe d’accès ressemble à un viaduc de chemin de fer ou celle de Nyons, dont la pyramide à étages a l’air d’une pièce montée… ; un lavoir remarquable, une fontaine aux dauphins à Mollans et le beau travail d’une artiste peintre inspirée. Après le pique-nique dans une oliveraie d’où la vue splendide s’étend jusqu’au Ventoux, nous eûmes l’occasion de visiter la dernière scourtinerie de France. Qu’est-ce à dire ? Une manufacture de « scourtins », bien sûr ! Mais encore ?...Il s’agit de filtres traditionnels pour l’huile d’olive en fibre végétale. Les cruciverbistes se réjouissent déjà…
A Rémuzat, le lendemain, il ne fallait pas manquer la projection du film sur les vautours qui vivent en bonne intelligence avec le grand corbeau. Savez-vous que celui-ci est capable de voler sur le dos, les yeux dans les yeux de sa partenaire pour la séduire. Ca fait rêver !... Fraîchement instruits, nous allâmes sur le plateau approcher les grands « fauves », impressionnés par leur vol majestueux, silencieux, apaisant. Etions-nous morts de fatigue ? Janou nous proposa de prendre quelque repos… au cimetière (classé) de Saint-May !
De nouveau par monts et par vaux le dimanche :
Après avoir arpenté les calades de Brantes, s’imposait une remise en forme à Montbrun-les Bains : Entendez par là petit café ou grande bière. Un coup d’œil au retour sur le château d’Aulan qui ne manque pas d’allure, avant de retrouver notre gîte confortable et convivial et le spectacle du couchant sur la falaise, belle à toute heure du jour. Le dîner réservait bien des surprises : mélanges audacieux, saveurs insolites. Restait la nuit pour résoudre les énigmes posées par notre sympathique aubergiste. Et plus question de confondre le « Bergeron » et l’« orangé de Provence », le roi des abricots à la pâleur exquise !...
Pour le dernier jour, Louison nous a choisi une randonnée dénommée la « Sans Regret »…
Il fut donc fort réussi, ce séjour ! Que les organisateurs en soient vivement remerciés ! Comme le ciel fut clément, j’ai envie de dire, si André m’y autorise, « Buis-les-Baronnies, Buis béni » !
Elisabeth Dard